Comtesse de Segur Un bon petit diable 

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prendre son déjeuner, ainsi qu'à Donald qui s'était éveillé et qui engloutit une terrine pleine de café au lait
avec une livre de pain qu'il y mit tremper. Betty se coucha, Donald alla faire un somme dans la salle, et
Marianne resta seule près de la malade, qui s'était calmée.
Le calme continua et donna à Marianne le temps de ranger la chambre, de laver ce qui était sale, de tout
essuyer, nettoyer. La cousine Mac'Miche dormait toujours.
«C'est une crise favorable, pensa Marianne; en s'éveillant, elle aura repris toute sa connaissance.»
Charles avait conduit Juliette à la messe; puis, au lieu de se promener, ils étaient rentrés chez eux pour faire le
ménage.
«Marianne pourra se reposer bien à son aise quand elle reviendra, car elle n'aura plus rien à faire», dit Juliette.
Charles fut surpris de voir la part que prenait Juliette à ce travail qui semblait impossible pour une aveugle.
Pendant que Charles balayait, elle lavait et essuyait la vaisselle, la replaçait dans le dressoir, nettoyait le
fourneau. Ils allèrent ensuite faire les lits, balayer et essuyer partout. Ils reçurent la literie et les effets qu'avait
achetés Marianne, et ils mirent tout en place; Charles essaya de suite ses vêtements neufs: ils lui allaient à
merveille et lui causèrent une joie que partagea Juliette. Quand tout fut terminé, Juliette prit son tricot, Charles
prit un livre et lut tout haut: c'était un livre instructif et amusant, intitulé Instructions familières ou Lectures du
soir.
Charles, après avoir lu quelque temps: Quel bon et intéressant livre! Je suis content de le lire. Et quelles
histoires amusantes on y raconte! Tout le monde devrait avoir ce livre-là! Quand j'aurai de l'argent, je
l'achèterai, bien sûr. Est-ce qu'il coûte cher?
Juliette: Mais oui! Cher pour nous qui ne sommes pas riches. Les deux volumes, qui sont très gros, il est
vrai, coûtent cinq francs.
Charles: Quel dommage! C'est trop cher! Je n'ai pas le sou.
XIX. CHARLES HÉRITIER ET PROPRIÉTAIRE 75
Un bon petit diable
Juliette: Mais quand tu auras ta fortune, tu pourras l'acheter.
Charles: Dis-moi, Juliette, comment la cousine Mac'Miche a-t-elle fait pour être si riche?
Juliette: Je ne sais pas; elle aura toujours amassé en se privant de tout.
Charles: Mais à quoi lui servait son argent puisqu'elle se privait de tout?
Juliette: A rien du tout; il ne lui a jamais procuré la moindre douceur.
Charles: Comme c'est drôle, de se faire riche pour vivre comme si l'on était pauvre! Dis donc, Juliette, si elle
meurt, que fera-t-on de son argent?
Juliette: Je ne sais pas du tout; j'espère qu'on le donnera aux pauvres.
Charles: Ce sera bien fait, car je ne l'ai jamais vue donner un sou à un pauvre.»
L'heure du déjeuner approchait, Charles tint conseil avec Juliette, et ils décidèrent qu'on mangerait une
omelette à la graisse, et une salade à la grosse crème. Charles alla acheter ce qu'il fallait, ralluma le feu, et,
aidé de Juliette qui cassa et battit les oeufs, il fit une omelette très passable pendant que Juliette assaisonnait et
retournait la salade que Charles avait cueillie toute fraîche dans le jardin, et qu'il avait lavée et apprêtée.
Marianne rentra exactement pour dîner.
«La cousine Mac'Miche ne va pas bien, dit-elle en entrant; elle n'a pas bougé depuis que je suis entrée, voici
bientôt cinq heures; Betty dort toujours, je n'ai pas voulu la déranger, mais j'ai secoué et réveillé Donald pour
lui faire prendre ma place près de la cousine, avec ordre de venir me chercher aussitôt qu'elle serait éveillée.
 Tu as très bien fait; et nous n'avons pas perdu notre temps, Charles et moi. Regarde, Marianne, si le ménage
est bien fait, si tout est en ordre.
 Bien! très bien! dit Marianne en regardant de tous côtés. C'est Charles qui a fait tout cela?
Charles: Avec Juliette qui m'a aidé et qui me disait ce qu'il fallait faire.»
Charles entendit avec grand plaisir les éloges de Marianne et le rapport très favorable de Juliette. Il proposa à
Marianne de la remplacer pour une heure ou deux près de la cousine, d'autant plus que Donald et Betty
viendraient dîner pendant qu'il serait là-bas. Marianne y consentit, et Charles, qui s'était un peu dépêché pour
dîner, partit, laissant ses cousines encore à table.
Quand il entra chez Mme Mac'Miche, il se crut dans le château de la Belle au bois dormant. Betty dormait,
Donald s'était rendormi, la malade dormait si profondément qu'aucun bruit ne put la réveiller.
«Il faut pourtant lui faire prendre de la tisane ou quelque chose, n'importe quoi; elle dort la bouche
entr'ouverte; elle doit avoir la gorge desséchée.»
Charles remua une chaise, poussa un fauteuil, recula la table, fit tomber un livre; elle dormait toujours. Surpris
de ce long et si profond sommeil, il s'approcha d'elle, lui prit la main, et la rejeta vivement en poussant un
léger cri: cette main était glacée. Il écouta sa respiration, et il n'entendit rien; inquiet et alarmé, il appela
Donald; mais Donald ne l'entendait pas et dormait toujours. Le pauvre Charles, de plus en plus effrayé, courut
chez le curé pour lui communiquer ses craintes, et lui demander de venir donner à sa cousine une dernière
absolution et bénédiction s'il en était temps encore. Le curé se hâta d'accompagner Charles jusqu'auprès du lit
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Un bon petit diable
de la... morte (car elle était réellement morte), l'examina quelques instants, s'agenouilla et dit à Charles:
«Mon enfant, prie pour le repos de l'âme de ta malheureuse cousine: elle n'est plus!»
Charles pria près du curé et avec lui, et réfléchit avec chagrin à l'existence égoïste et à la mort déplorable de
cette malheureuse femme que l'amour de l'or avait tuée. «Si jamais, pensa-t-il, le bon Dieu m'envoie une
fortune semblable à la sienne, je tâcherai de l'employer plus charitablement et d'en faire profiter les autres.»
Le curé envoya Charles éveiller Betty et prévenir Marianne; il se chargea de terminer le trop long sommeil de
Donald par quelques secousses vigoureuses, et alla lui même avertir le juge de paix, afin qu'il prit les mesures
légales nécessaires.
Le juge alla avec le curé et avec M. Blackday, pour voir les papiers et mettre les scellés sur la caisse. Ils
commencèrent par visiter les tiroirs et les armoires, dans l'espérance d'y trouver un testament; mais ils n'en
trouvèrent pas, et ils ouvrirent la caisse qui contenait le trésor. Ils constatèrent la possession de deux cent et
quelques mille francs, et ils trouvèrent un papier écrit de la main de Mme Mac'Miche. Le juge l'ouvrit et lut ce [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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